Le kératocône - La prise en charge : améliorer l'acuité visuelle
Afin d’améliorer l’acuité visuelle du patient kératocônique, plusieurs options sont possibles. Elles sont proposées successivement en cas d’échec ou de résultat insatisfaisant.
Les lunettes
Elle est possible dans les formes précoces de kératocône et devient vite insuffisante du fait de l’irrégularité de la cornée qui ne peut être corrigé par un verre correcteur plan.
Les lentilles - contactologie
Dès que la correction optique par lunettes devient difficile ou non satisfaisante, on se tourne vers l’adaptation en lentilles. C’est la méthode de réhabilitation visuelle la plus utilisée dans le kératocône.
L’adaptation en lentilles rigides perméables aux gaz (LRPG) est le plus souvent obligatoire du fait de l’irrégularité importante de la cornée qui pourra être corrigée par le ménisque de larmes formé sous la lentille rigide.
Il existe d’autres types de lentilles : l’adaptation piggy-back, qui consiste à l’adaptation d’une lentille souple sous la lentille rigide, cette technique est utilisée lorsque les patients sont très gênés par l’adaptation en LRPG, malgré une qualité optique très satisfaisante; la lentille hybride (au centre rigide et collerette périphérique souple). La dernière option est le verre scléral ou cornéo-scléral si l’inconfort est trop grand avec les lentilles à appui cornéen.
Les anneaux intra cornéens
L’utilisation des anneaux a pour objectif de corriger les anomalies lié au kératocône grâce à :
- une Re modélisation cornéenne par addition de tissu ; tout en préservant l'intégrité de la cornée : ils augmentent l’épaisseur cornéenne périphérique.
- une Régularisation de la topographie, en aplatissant la cornée centrale et en recentrant le cône, ce qui permet une correction réfractive par le déplacement de l'apex cornéen vers le centre pupillaire : avec un raccourcissement de la longueur de l'arc de la courbure cornéenne antérieure.
- Son effet pommade naturelle : réduit les aberrations optiques, améliore l'acuité visuelle et la tolérance aux lentilles de contact.
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Les implants intra oculaires
L’indication opératoire ne repose sur aucun consensus et doit se réfléchir au cas par cas. La myopie induite dans le kératocône peut être axile, par allongement de la longueur axiale de l’œil ou de courbure par augmentation de la puissance de convergence de la cornée. Sa correction par un implant intraoculaire intervient sur une cornée stable. L’implantation peut être phaque ou pseudophaque en cas de cataracte associée. Elle peut intervenir en première intention ou après une chirurgie préalable par implantation d’anneaux.
- L'implant phaque :
Cet implant va être inséré entre le cristallin et l'iris. Les nombreuses conditions pour permettre cette implantation, dans des conditions sûres, sont souvent non remplies dans le kératocône (1), et cette technique est peu pratiquée pour la réhabilitation visuelle du patient kératocônique.
- L'implant pseudophaque :
Il est nécessaire quand une cataracte est diagnostiquée chez un patient atteint de kératocône. Les patients atteints de kératocônes seraient plus susceptibles de développer une cataracte à un âge plus jeune que la population générale (2). L'utilisation d'un implant dit torique (compensant le cylindre cornéen induit par le kératocône) peut être utilisé chez les patients atteints de kératocône : il est à préférer quand le kératocône est stable, que la kératométrie centrale est régulière et que l’acuité visuelle corrigée en lentilles est proche de celle obtenue en lunettes (3). L'implant dit sphérique (sans correction de cylindre) est à préférer lorsque le kératocône est à un stade avancé (>52 Dioptries), de part la mauvaise prédictibilité des LIO toriques dans ces cas-là (4).
A cause d’un shift hypermétropique quasi constant dans les études réalisées sur les kératocônes, par une sous estimation de la puissance dioptrique cornéenne liée à l’index kératométrique (5) on aura tendance à prendre une cible réfractive myopique dans tous les cas, de -0,50 à -1,00 D pour une kératométrie <48D, -1,50 pour une kératométrie comprise entre 48 et 52D, au-delà, les résultats sont moins prévisibles. Les implants bi ou trifocaux sont à préférer dans les yeux indemnes de pathologie oculaire. Actuellement, en l’absence de nouvelles études comparatives, on aura tendance à être prudent sur leur utilisation dans le kératocône (6).
Pour connaître les détails de la chirurgie de la cataracte.
La greffe de cornée
L’indication de greffe n’intervient qu’en dernier recours, lorsque les autres moyens de correction à notre disposition ont été épuisés.
Les dernières indications de greffes restent : l’opacité stromale profonde obturant l’axe visuel et les kératocônes évolués de manière bilatérale avec des acuités visuelles effondrées.
Longtemps considérée comme le traitement de référence du kératocône avancé, la kératoplastie transfixiante (KT) a perdu cette place au profit de la kératoplastie lamellaire antérieure profonde (KLAP) prédescemétique. Les avantages sont une meilleure résistance mécanique, une acuité visuelle et un astigmatisme postopératoire identique, une possibilité de retirer les sutures plus rapidement, mais surtout la conservation endothéliale. La survie des greffons lamellaires semble ainsi rallongée.
Les complications principales suivant une greffe de cornée, qu'elle soit lamellaire ou transfixiante, sont : infection et rejet de greffe, nécessitant une prise en charge en urgence (7).
1. Alfonso JF, Fernández-Vega L, Lisa C, Fernandes P, González-Méijome JM, Montés-Micó R. Collagen copolymer toric posterior chamber phakic intraocular lens in eyes with keratoconus. J Cataract Refract Surg 2010; 36: 906‑16.
2. Aiello F, Nasser QJ, Nucci C, Angunawela RI, Gatzioufas Z, Maurino V. Cataract surgery in patients with keratoconus: pearls and pitfalls. Open Ophthalmol J 2017;11: 194‑200.
3. Nanavaty MA, Lake DB, Daya SM. Outcomes of pseudophakic toric intraocular lens implantation in keratoconic eyes with cataract. J Refract Surg 2012; 28: 884‑89.
4. Savini G, Abbate R, Hoffer KJ, Mularoni A, Imburgia A, Avoni L, D’Eliseo D, Schiano-Lomoriello D. Intraocular lens power calculation in eyes with keratoconus. J Cataract Refract Surg 2019; 45: 576-581.
5. Pinero DP, Camps VJ, Caravaca-Arens E, Perez-Cambrodi RJ, Artola A. Estimation of the central corneal power in keratoconus: theoretical and clinical assessment of the error of the keratometric approach. Cornea 2014; 33:274–279 5.
6. Montano M, López-Dorantes KP, Ramirez-Miranda A, Graue-Hernández EO, Navas A. Multifocal toric intraocular lens implantation for forme fruste and stable keratoconus. J Refract Surg 2014;30: 282‑85.
7. Borderie VM, Sandali O, Bullet J, Gaujoux T, Touzeau O, Laroche L. Long-term results of deep anterior lamellar versus penetrating keratoplasty. Ophthalmol 2012; 119: 249‑55.